Les emplois verts sont-ils vertueux ?
Petit manuel de décryptage pour travailler dans des métiers écologiques et solidaires.
Vous avez dit emplois verts ?

36% des emplois verts sont dans les déchets. Des activités pour la plupart pointées du doigt pour leur manque de transparence, d’éthique et leur immense gaspillage de ressources. @Ivan Mauxion
Une économie à « verdir » ?
Les emplois verdissants sont, eux, des emplois qui n’ont pas une finalité « environnementale » mais sont voués à évoluer afin de s’adapter aux défis de la transition. Dans cette catégorie très ouverte, on peut retrouver des restaurateurs qui changent leurs approvisionnements, des paysagistes et des jardiniers qui adaptent leurs pratiques à la préservation de la biodiversité, des industries qui s’orientent vers le bas carbone, des agriculteurs qui passent à une agriculture paysanne ou encore des artisans du bâtiment qui s’inscrivent dans une économie circulaire des matériaux…
L’Etat considérait qu’en 2018, 3,8 millions d’emplois seraient concernés par la nécessité de se « verdir » ! Ils seraient 37% dans le bâtiment, 20% dans les industries, 20% dans les transports et quelque 6% en agriculture, sylviculture et espaces verts…
On retrouve dans ces emplois verdissants, dans notre région lyonnaise, d’authentiques exemples de transformation d’activités traditionnelles en activités à la pointe de la transition. C’est en particulier le cas de jeunes pousses qui changent la donne dans leur domaine comme Pistyles dans le jardinage, À la Source, L’Épicerie Équitable ou le GRAP dans le monde des épiceries, De L’Autre Côté Du Pont, Équilibres Café et les restaurants du Grenade dans le monde de la restauration, Les Curieux, We Dress Fair ou Loca Loca dans la mode ou encore la CAE Cabestan ou Oikos dans le bâtiment.

Les rayons d’A la Source, première épicerie locale, écologique et réellement zéro déchet à Lyon. @Lara Balais
Choisir entre jeunes pousses et vieilles branches ?
- Les jeunes pousses : des entreprises et associations nées dans la dernière décennie qui inventent des solutions et réinventent les métiers pour pousser le plus loin possible la transition écologique. Celles-ci sont souvent montées par des personnes en évolution professionnelle.
- Les vieilles branches : des métiers traditionnels qui s’adaptent progressivement aux enjeux, à la fois grâce à la formation initiale des professionnels et aux efforts de formation professionnelle portée par les branches et les chambres consulaires.
Si les premières sont encore minoritaires, parfois même une poignée dans des secteurs comme la mode ou le bâtiment, elles sont décisives à étudier parce qu’elles sont le laboratoire des solutions qui se généraliseront demain. Une généralisation qui aura lieu soit parce qu’elles influenceront les vieilles branches, soit parce qu’elles viendront s’y substituer, comme nous pouvons déjà le constater dans le monde des épiceries ou de la restauration.
Si les statistiques ne les montrent pas, ce sont pourtant elles qui sont les lieux d’accueil les plus propices à toutes celles et ceux qui évoluent pour mettre leurs compétences professionnelles au service de la transition !
Adapter le tableau de bord ou changer la destination ?
Rien dans les données n’offre, ainsi, la possibilité de distinguer entre un agent de collecte et de tri d’une multinationale des déchets et un animateur du Minéstok de Minéka qui œuvre pour le réemploi dans les déchets du bâtiment.
Et cela s’explique. La vocation de ces données publiques n’est pas politique : il ne s’agit pas de donner aux citoyens des informations sur la transition – même si elles sont parfois ainsi maladroitement reprises dans certains médias. Ces données s’inscrivent dans le tableau de bord des institutions qui pilotent notre économie actuelle, avec vocation d’accompagner son évolution sans avoir pour mission de la révolutionner.
Elles n’ont ainsi pas vocation à mettre en lumière les signaux faibles qui nous intéressent, nous, pour comprendre quelles activités, très souvent portées par des jeunes pousses, sont en train de bouleverser, révolutionner, transformer notre économie pour qu’elle devienne réellement écologique et solidaire. C’est la vocation de notre projet de recherche Economie & métiers de la transition !
L’économie de la transition : des artisans de la bascule !
Comment définir cette économie ? C’est celle qui rassemble les entreprises et les associations qui mènent la bascule de notre économie vers une économie réellement écologique et solidaire. Celles qui tentent d’aller le plus loin possible dans la conception et la mise en pratique des solutions les plus abouties.
Aujourd’hui, c’est environ 500 structures de la transition que nous avons identifiées sur la région lyonnaise. Un chiffre qui sera progressivement affiné, en dialogue avec ces structures, afin entre autres, d’identifier le nombre d’emplois que ces structures portent actuellement et prévoient de créer dans les prochaines années.
C’est cette économie de la transition qui nécessite que de plus en plus de personnes s’y engagent dans leur vie professionnelle pour venir aider les jeunes pousses qui grandissent d’année en année. C’est vers ces jeunes pousses, porteuses des métiers écologiques de demain, qu’évoluent la plupart des personnes que nous formons dans le cadre de Nouvelles Voies. C’est aussi leurs équipes que nous formons dans le cadre de notre dispositif de formations Boite à outils.
Envie d’en savoir plus ?
Retrouvez notre webinaire Economie de la transition : défis, leviers et outils pour faire grandir les structures de la transition.